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Charles Dupuy
Vous m’en avez beaucoup voulu pour vous avoir présentée comme la personne qui serait allée au Palais afin de demander à Duvalier des éclaircissements sur une certaine liste des officiers qu’il entendait faire transférer. Intervention malheureuse qui aurait causé la mort de l’officier Hilaire puisque Duvalier obligea celui-ci peu après, dit-on, à rajouter lui-même son nom à la fameuse liste. Vous admettrez tout de même que quelqu’un est intervenu auprès du président pour lui parler de cette liste, la preuve en est que l’officier Hilaire qui voulait éviter que son ami et condisciple le lieutenant Laroche soit transféré (ou fusillé) s’est retrouvé lui-même devant le poteau d’exécution.
Advenant que la personne qui serait allée trouver Duvalier était vous comme le soutenait la rumeur publique, quel mal il y aurait-il à cela, Madame Laroche? L’épouse de l’officier Laroche qui chercherait à sauver son mari de la mort, ne serait-ce pas là une démarche tout à fait légitime, naturelle et noble? La personne qui serait intervenue auprès de Duvalier et qui aurait ainsi entraîné dans la mort l’officier Hilaire, ce n’est pas vous. Je veux bien vous croire, Madame Laroche, mais si ce n’est pas vous, il y a bien quelqu’un qui est intervenu auprès du président. Une personne qui serait allée en toute bonne foi auprès du chef de l’État pour lui parler d’une certaine liste d’officiers à transférer, liste sur laquelle figurait le nom de l’officier Laroche, votre mari.
Que vous eussiez fait pareille démarche, c’eût été tout à fait normal, Madame Laroche, puisqu’il s’agissait du sort de votre époux et de l’avenir de votre famille. Contrairement à la clameur générale, ce n’est donc pas vous mais une autre personne que vous qui serait allée intercéder en faveur du lieutenant Laroche au Palais et le triste résultat de la démarche est que l’officier Hilaire a été attaché au poteau et fusillé. Je suis bien persuadé que vous connaissez cette personne qui est allée trouver Duvalier pour lui parler de cette fameuse liste… mais, je vous en prie, Madame Laroche, ne révélez pas son nom, ni maintenant, ni plus tard, ni jamais.
Un dernier mot, Madame Laroche, vous dites que j’ai appelé «à mon secours le cardinal Talleyrand», d’abord je n’ai pas appelé Talleyrand à mon secours je n’ai fait que le citer et de plus Talleyrand, Charles Maurice de son prénom, n’était pas cardinal, il était seulement évêque, l’évêque d’Autun.
Mais si l’érudition n’est pas votre fort puisque l’histoire n’était pas une matière enseignée à Élie Dubois, vous pouvez mieux que personne comprendre son mot, «en histoire ce qui est cru est plus important que ce qui est vrai». Ce que le peuple a «cru» c’est que vous êtes allée au Palais afin de sauver votre mari, ce qui est «vrai» c’est que vous ne l’avez pas fait.
Il n’en reste pas moins que quelqu’un a entrepris des démarches en faveur du lieutenant Laroche auprès du président, la preuve en est que l’officier Hilaire, celui qui justement voulait protéger Laroche, il a été exécuté. J’espère en avoir fini avec toute cette polémique, Madame Laroche, et j’en profite pour vous renouveler encore une fois mes plus respectueux hommages.
C.D. coindelhistoire@gmail.com (514) 862-7185
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