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Père Lissaint Antoine, directeur de projet du service Jésuite aux réfugiés et migrants, entreprend ses activités depuis quelque temps à la frontière Malpasse-Jimani. C’est avec beaucoup de douleur dans l’âme qu’il nous a raconté la situation des droits humains à la frontière, lors d’une rencontre le vendredi 20 juillet dernier à Fonds Parisien.
Le religieux n’a pas de mot pour raconter la situation difficile à laquelle nos compatriotes se trouvent quotidiennement confrontés à la frontière. Les droits humains ne sont pas respectés. Un fait que certains organismes de défense des droits des migrants notamment en République Dominicaine n’ont jamais cessé de dénoncer.
Selon le prêtre catholique, de juin 2011 à juin 2012, la situation s’est empirée. Pour lui, la question des droits humains demeure la principale pierre d’achoppement dans les relations haïtiano-dominicaines. Surtout, a-t-il précisé, pour les usagers haïtiens de la frontière Malpasse-Jimani.
« Les Haïtiens sont souvent victimes d’abus et de violation de leurs droits. Et cela, sous les regards passifs des autorités des deux pays », fait-il savoir. Il a pris en exemple le cas des marchands et marchandes haïtiens qui fréquentent le marché transfrontalier de Malpasse-Jimani, lesquels, dit-il, sont souvent victimes de bousculades de la part des militaires dominicains.
Ils sont aussi victimes, a-t-il poursuivi, de manœuvres frauduleuses des passeurs dominicains et haïtiens. À en croire père Antoine, des étudiants et d’autres voyageurs haïtiens font souvent l’objet d’abus d’autorité des agents de la douane et de la migration dominicaine.
Faisant une brève description des relations à la frontière, le responsable a indiqué qu’il y existe une “tension permanente et une situation de violence latente”.
D’après lui, cette forme de fonctionnement inquiétante entre Dominicains et Haïtiens à la frontière est comme une poudrière qui peut exploser à n’importe quel moment pour n’importe quelle raison, si les autorités concernées ne font rien pour pallier la situation.
Le prêtre a énuméré les cas des plus communs d’abus et de violation dont sont victimes nos compatriotes. Il a cité, entre autres, le harcèlement sexuel et psychologique, l’extorsion, les abus de pouvoir, la traite et le trafic de personnes, spécialement des enfants et des femmes.
« Cette année particulièrement, nous avons assisté à deux cas d’assassinat. Nous constatons aussi à des cas de maltraitance de la part des agents dominicains ou des passeurs haïtiens. Les échanges commerciaux informels restent les seuls qui se font avec moins de problèmes à la frontière », a-t-il informé, tout en faisant comprendre que les relations haïtiano-dominicaines sont marquées par des préjugés de part et d’autre.
Le père Lissaint Antoine dit par ailleurs déplorer la passivité des autorités haïtiennes et dominicaines qui ne manifestent aucune volonté pour comprendre et essayer de connaître la culture des deux peuples.
Le religieux pense que l’amélioration de la situation haïtiano-dominicaine, passe d’abord par un travail d’éducation afin de parvenir à un changement de mentalité pour une meilleure compréhension des deux peuples.
« Nulle population ne peut être intégralement développée sans la participation d’une autre. Les deux peuples sont condamnés à vivre ensemble », a-t-il conclu, soulignant au passage avoir fait, via son service, la promotion du respect et de la dignité des droits des migrants haïtiens.